Google Bard : ce qu’en pensent les référenceurs

Nous vous proposons cette excellente contribution de JDN

L’arrivée de Bard dans les résultats du moteur de recherche est un véritable défi SEO, avec ses pièges, mais aussi ses opportunités.

Dans un communiqué de lancement le 6 février, Google a annoncé l’utilisation prochaine de Bard. Au niveau des fonctionnalités, cette intelligence artificielle sera capable de fournir des informations plus récentes que ChatGPT, dont le corpus d’informations s’arrête à 2021. Alimenté par le modèle linguistique pour les applications de dialogue (LaMDA), Bard pourra synthétiser divers sujets pour les restituer sous forme de réponse. Il s’appuiera sur les informations du web pour fournir des réponses actualisées et de haute qualité, selon Sundar Pichai, directeur général d’Alphabet et de Google. Des testeurs « de confiance » auront le rôle d’assurances tous risques, pour assurer la qualité, la sécurité et la fiabilité des contenus, d’après Sundar Pichai. Bard doit être disponible au public dans les semaines à venir.

Cette annonce intervient quelques jours après celle de Microsoft d’utiliser ChatGPT sur Bing, ce qui peut faire penser à une course à l’échalote entre les deux géants américains, avec des enjeux toutefois très importants. La firme fondée par Paul Allen et Bill Gates a peut être gagné un point concernant l’annonce de l’IA. Google a en effet sorti un tweet de démonstration de Bard, comportant une erreur, ce qui n’a pas manqué d’être épinglé sur les réseaux sociaux. Au final, la démo a provoqué une chute en bourse d’Alphabet, la maison mère, contrairement à Microsoft, qui a eu plus de succès après son annonce liée à l’IA.

Pendant ce temps, les référenceurs, pourtant habitués aux annonces fréquentes de Google sur les prochaines nouveautés, sont unanimes pour parler d’un bouleversement profond du SEO avec l’arrivée de Google Bard.

« C’est un changement majeur d’intégrer un chatbot dans les Serp », résume Vincent Terrasi, directeur technique et co-fondateur de Draft & Goal. « Les internautes ne vont plus perdre leur temps à chercher les réponses à leurs questions en cherchant dans les différentes propositions de Google. De plus, à l’image de ChatGPT, cette technologie va apprendre à vous connaître et adapter son contenu selon votre âge, votre culture, ou encore votre goût. » « Autant je n’ai jamais cru au voice search quand tout le secteur y croyait dur comme fer fin 2017, autant je pense que l’IA représente un vrai challenge à relever pour les search marketers », explique de son côté Sylvain Laneyrie, directeur SEO chez Eskimoz. « A mon sens, c’est une avancée d’un coup vers le moteur de réponse que Google nous promet depuis longtemps », renchérit Patrick Valibus, CEO de 410-gone.fr. « En revanche, c’est à marche forcée, poussé par l’annonce de Bing. Dans les communications publiques de Google, on sent le côté pressé par la concurrence. »

 Vers une perte de trafic organique ?

Les Serp de Google pourraient être fortement impactées sur certaines requêtes par Bard. Selon les référenceurs interrogés, les requêtes informationnelles et intemporelles, comme la question sur la température d’ébullition de l’eau, seront prioritairement touchées. Les comparaisons et les People Also Ask le seront aussi, selon Laurent Jean, référenceur chez Mediacrea et formateur chez Copywriting AI.

Sur ces différentes requêtes, Laurent Jean craint d’ailleurs que Bard ne stoppe une grande partie du trafic organique. « Dans les exemples donnés par Google d’utilisation de Bard, une requête demande une comparaison sur une voiture et le moteur de recherche donne directement le pour et le contre dans la réponse. Quel intérêt l’utilisateur aura d’aller sur un site pour aller lire un comparatif ? J’espère me tromper, mais les sites qui ne font que des comparatifs l’auront bien nourri, et il n’est pas sûr que Google les mettra en avant. Egalement, on peut voir dans un autre exemple qu’au moment où Bard commence à écrire, il y a un résultat naturel qui disparaît au profit de blocs de news et de propositions d’autres questions… auxquelles Bard répond directement. Clairement, les résultats organiques vont être relégués très bas dans la page. Sur un smartphone, cela va être très pénalisant pour afficher des informations dans les SERP dans les résultats naturels. »

Sur les requêtes dites NORA (No One Right Answer), Google pourra afficher un petit encart intitulé « Read More ». Dans la démonstration de Bard par le géant américain, des liens apparaissent en dessous de cet intitulé. Le  géant américain citera-t-il ses sources comme cela, ce qui pourrait amener du trafic organique aux sites ? « S’il s’agit d’afficher un encart avec les sources, alors on peut espérer recevoir du trafic ainsi », note Sylvain Laneyrie. Mais d’autres référenceurs, comme Patrick Valibus, estiment que même la présence de l’encart avec les sources ne devrait pas changer grand-chose au trafic organique. « Je pense que la propension des internautes à liker et partager sans lire les articles, le tout couplé à l’autorité naturelle de Google, feront que beaucoup d’utilisateurs risquent de ne pas cliquer sur ce lien. »

NoRA, AEO et EEAT au programme

Si Bard pourrait amener une perte de trafic organique dans certains cas, les référenceurs interrogés ont quelques pistes pour faire venir des utilisateurs via la recherche naturelle. « Avec la technologie NORA , il faut s’attendre à une avalanche de contenus ultra personnalisé qui vont orienter vers des sites de niche qui ont pensé à aborder ce type de contenu, » avance Vincent Terrasi. « L’enjeu sera donc de figurer parmi les sources sélectionnées par l’IA et que l’utilisateur clique sur votre site », développe Sylvain Laneyrie. Avec toujours la question de l’affichage des sources par Google et du comportement des utilisateurs en suspens.

Autre suggestion pour optimiser son référencement, le fait, pour Vincent Terrasi, de développer l’AEO, pour Answer Engine optimisation. Selon lui, il ne faudra plus se positionner seulement sur des expressions mais sur des questions, et s’assurer d’apporter les meilleures réponses possibles. « Je vois désormais un intérêt majeur à tous les sites de questions réponses, les forums, les guides, les tutoriels, les FAQ et avec une approche ultra modale avec les textes, la vidéo et l’image », déclare-t-il. « Il ne faut pas oublier que Google MUM a préparé le terrain bien en amont. Pour chaque recherche d’un internaute, Google peut naviguer sur ces trois formats. Avec l’arrivée de l’AEO, il sera donc indispensable de travailler tous les formats, car si l’IA vous cite sur des niches spécifiques, ça sera tout simplement une position en or pour convertir. »

Et encore une fois, les modifications prises en compte devront se faire dans le sens de l’intérêt de l’utilisateur. « Si je dois me risquer à une hypothèse, car il est trop pour se prononcer sur cette nouvelle technologie, je dirais que la base de données de Bard se constitue pour l’instant sur les résultats SEO avec peut être une préférence sur tout ce qui tourne autour du knowledge graph », avance Patrick Valibus. « Donc, le SEO technique va prendre de l’ampleur, notamment sur les données structurées et ses possibilités. L’enjeu pour Google sera de s’assurer de la réalité des énoncés. Peut-être trouvera-t-on aussi un aspect d’EEAT (Experience, Expertise, Authoritativeness, et Trustworthiness, pour expérience, expertise, autorité, et confiance) davantage développé dans les contenus ? »

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