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Alors que le géant prépare sa conférence Google I/O en mai prochain, il redouble d’efforts sur les outils d’intelligence artificielle. Divers départements sont réorganisés pour créer et avancer sur les projets d’IA de Google, face à la concurrence que représente OpenAI et ChatGPT, qui rencontre un succès certain.
L’outil ChatGPT rencontre un fort succès sur Internet grâce à ses prouesses technologiques et OpenAI est en train de révolutionner les usages de l’intelligence artificielle. Hier, nous vous présentions Point-E, un modèle permettant de générer des objets en 3D à partir de texte, à l’instar de ce que fait Dall-E avec les images. De son côté, Meta travaille sur la création de vidéos à partir de texte avec déjà de premiers résultats. Avec ces grands changements, Google veut rester à la pointe en termes d’IA et semble modifier son organisation pour atteindre ses objectifs plus rapidement que prévu, selon les informations du New York Times.
« Alerte rouge » chez Google, face à la concurrence de ChatGPT
Le journal américain écrit que Google a déclaré une « alerte rouge » dans ses équipes et que « certains craignent que l’entreprise n’approche d’un moment que les grandes entreprises de la Silicon Valley redoutent : l’arrivée d’un énorme changement technologique qui pourrait bouleverser l’activité ». Les journalistes Nico Grand et Cade Metz vont même plus loin en disant que « Google pourrait être confronté à la première menace sérieuse pour son activité principale de recherche ».
Par ailleurs, Google a contribué à la recherche scientifique qui a permis à ChatGPT d’exister en soutenant OpenAI, au moins à ses débuts. Des chercheurs d’Alphabet (la maison mère de Google) ont effectivement travaillé sur les chatbots développés par la start-up. Mais, jusqu’à maintenant, ces derniers ne rivalisaient qu’avec les autres chatbots développés par d’autres start-ups qui n’avaient pas de quoi concurrencer le géant du web.
C’est pourquoi Sundar Pichai, le directeur général de Google, « a participé à une série de réunions pour définir la stratégie de Google en matière d’intelligence artificielle et il a bouleversé le travail de nombreux groupes au sein de l’entreprise », révèle le New York Times. Google travaillerait donc à développer des outils permettant de générer des images artistiques notamment, comme Dall-E. L’entreprise travaille sur sa conférence Google I/O qui devrait avoir lieu en mai 2023, pour présenter de nouveaux prototypes et produits à base d’intelligence artificielle. Les équipes de « Recherche, Confiance et Sécurité » se concentrent dorénavant là-dessus.
LaMDA : l’arme principale de Google dans le domaine de l’IA
Le chatbot de Google qui existe aujourd’hui s’appelle LaMDA, dont l’un de ses ingénieurs avait déclaré en juin dernier que cette IA était douée de sensibilité et réellement intelligente. Une déclaration vivement décriée par Google, mais qui avait au moins montré l’évolution technologique des chatbots.
Bien que cette intelligence artificielle pourrait remplacer à terme la recherche en ligne telle qu’on la connaît aujourd’hui, restent des difficultés économiques. C’est la publicité sur son moteur de recherche qui a engendré la puissance financière de Google et le New York Times rappelle que les publicités « ont représenté plus de 80 % des revenus de l’entreprise l’année dernière ».
Si le moteur de recherche devient un chatbot trop efficace, ses utilisateurs seraient moins enclins à cliquer sur les liens publicitaires. En février dernier, on apprenait que le chiffre d’affaires d’Alphabet avait augmenté de 41 % sur l’ensemble de l’année 2021. Changer un système qui fonctionne bien est risqué et Google hésite à vraiment se lancer dans la recherche en ligne par intelligence artificielle.
Google frileux sur l’IA pour préserver sa réputation
Une intelligence artificielle apprend avec des données qu’on lui donne. Lorsque la source de données est le web entier, les informations qu’elle transmet peuvent être biaisées à cause du mélange entre fiction et réalité (sites parodiques, fictions, articles de manipulation, etc.).
Google a les compétences de créer un chatbot efficace, mais pour en créer un qui soit sans biais, c’est plus compliqué. En 2018, l’entreprise s’était fixé 7 lois à respecter pour développer son intelligence artificielle, afin de conserver une image « positive ». C’est pour cela qu’à l’heure actuelle, LaMDA n’est pas accessible à tous, seulement pour des expérimentations et à un nombre limité de personnes. Selon un mémo consulté par le média anglophone, « Google considère qu’il s’agit d’une lutte pour déployer son IA avancée sans nuire aux utilisateurs ou à la société ». Un risque que peuvent habituellement prendre beaucoup d’entreprises plus petites, les répercussions possibles étant d’un bien moindre niveau.
Google aurait plutôt l’intention de créer un outil informatique pour les entreprises qui servirait au support client, en conservant des normes de confiance et de sécurité. D’un autre côté, elle ne s’interdit pas de publier de nouveaux prototypes, mais dont les usages seraient limités à 500 000 utilisateurs. Le tout en se dédouanant en indiquant que « la technologie pourrait produire des déclarations fausses ou offensantes ».