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Après une bataille judiciaire de plusieurs mois, un tribunal sud-africain vient d’autoriser le géant américain du E-commerce à construire son siège africain au Cap, sur un terrain que des activistes considèrent comme sacré.
Un tribunal du Cap a annulé ce mercredi 9 novembre 2022, la décision visant à suspendre la construction controversée du siège africain d’Amazon au Cap sur un terrain que des descendants des premiers habitants du pays, les Khoïsan, considèrent comme sacré.
L’autorité judiciaire estime que le militant représentant les groupes autochtones devant la justice, Tauriq Jenkins, n’était pas légitime à le faire et qu’il a « déformé le point de vue de certains représentants autochtones sans les consulter« .
Certains groupes khoïsan ont apporté leur soutien au projet de complexe sur un ancien terrain de golf pour un coût équivalent à 224 millions d’euros (4 milliards de rands), après que ses promoteurs ont accepté de bâtir un centre historique et culturel qui sera géré par les autochtones.
Mais le Conseil traditionnel autochtone Goringhaicona Khoi Khoin est opposé au projet approuvé par la municipalité. « Nous sommes profondément déçus« , ont pour leur part exprimé les opposants au projet dans une déclaration commune. « Nous ne pensons pas que les faits présentés au tribunal aient permis à ce dernier de rendre un jugement équitable« .
L’Afrique était le seul continent où Amazon n’avait aucune structure opérationnelle en place. Le géant du e-commerce. Le complexe d’un coût de 280 millions de dollars générera plus de 24 000 emplois dont 5 239 directs. Le conglomérat d’e-commerce bâtira ses locaux sur un terrain de 60 000 mètres carrés.
Il est clair que cette nouvelle promet de nombreux avantages économiques et sociaux pour l’Afrique du Sud. Elle arrive aussi dans le contexte pandémique qui a touché le pays plus que les autres nations africaines. L’économie sud-africaine n’arrive pas à se redresser. Et la métropole du Cap, particulièrement, est actuellement en mauvaise posture à cause de l’incendie de ce début de semaine.
Pourquoi l’Afrique du Sud à la place du Nigéria ?
Pour cette raison, la question du choix de l’Afrique du Sud soulève une interrogation : Pourquoi Amazon a-t-il outrepassé le Nigéria ? Au niveau de l’attrait d’investissement, ainsi que de la richesse, le Nigéria aurait été un choix évident. Cependant, le manque d’incitations fiscales, la mauvaise gouvernance et la gestion chaotique du change font fuir les grandes enseignes.
En l’occurrence, Amazon sert les habitants de plus de 120 pays, dont 17 pays africains. Toutefois, les achats sur Amazon passaient par les services postaux nationaux ou des partenaires privés en Afrique. Ce qui ne garantissait pas un service client optimal, qui était limité par l’absence de possibilité d’achat en ligne en Afrique. En somme, les Africains devaient se pourvoir de fonds électroniques à l’étranger pour utiliser les services Amazon.
Jusque-là, lorsqu’il s’agissait du marché africain, Amazon misait sur le cloud plutôt que sur le commerce. L’entreprise avait déjà hébergé son service Amazon Web Service (AWS) au Cap en 2017. AWS était accessible mondialement depuis les deux centres de données Teraco à Johannesburg. L’outil qui fournissait une connexion réseau dédiée depuis le site Amazon donnait l’accès aux centres de données sud-africains via une connexion privée vers Teraco. L’intranet AWS s’exécutait jusqu’à 10 Gbits/s.
Il est possible donc que la proximité des centres Teraco, ainsi que la stabilité du réseau électrique ont incité Amazon à s’établir en Afrique du Sud. Il est aussi probable que l’insécurité au Nigéria est un facteur prédominant dans la décision.