C’est la seconde fois que le ministère de la Justice porte plainte contre le géant du numérique. Une première poursuite, qui porte sur la domination de son moteur de recherche, doit déboucher sur un procès cette année.
Le ministère américain de la Justice a porté plainte contre le géant de la recherche sur internet, Google, accusé de « monopole » sur le marché de la publicité en ligne. « Google a utilisé des méthodes anticoncurrentielles et illégales pour éliminer, ou réduire drastiquement, toute menace à sa domination sur les technologies utilisées pour la publicité numérique », a fait savoir l’autorité, mardi 24 janvier, dans un document judiciaire transmis à la presse. Le ministère et huit Etats américains, dont la Californie et New York, demandent à la justice de condamner le groupe californien pour infraction au droit de la concurrence, de faire payer à l’entreprise des dommages, et enfin, d’ordonner la cession de ses activités liées à la vente d’espaces publicitaires en ligne.
Il s’agit de la deuxième plainte lancée par le ministère contre le groupe californien depuis l’investiture du président, Joe Biden, il y a deux ans. La première, qui porte sur la domination de son moteur de recherche, doit déboucher sur un procès cette année.
Google a déjà été condamné dans le passé à des amendes pour infraction au droit de la concurrence, notamment par l’Union européenne. Aux Etats-Unis, l’entreprise affronte déjà des poursuites lancées fin 2020 par une coalition d’Etats, emmenée par le Texas. Eux accusent Google d’avoir cherché à évincer toute concurrence en manipulant les ventes aux enchères publicitaires.
Selon la plainte, Google contrôle aussi bien les technologies utilisées par « quasiment tous les sites web » pour vendre des bandeaux ou fenêtres pop-up aux marques, que les outils dont se servent les annonceurs pour acheter ces espaces, ainsi que le marché où ont lieu les transactions. « Plus de 13 milliards de publicités sont vendus chaque jour » sur le web aux Etats-Unis, ajoutent les plaignants, martelant que Google a abusé de sa position dominante pour exclure ses rivaux, notamment en « prenant systématiquement le contrôle d’une large variété d’outils high-tech utilisés par les éditeurs, les annonceurs et autres acteurs du marché ». Enfin, selon la ministre adjointe à la Justice Vanita Gupta, citée dans un communiqué, « ces méthodes ont affaibli l’internet libre et ouvert, et fait augmenter les coûts pour les entreprises et pour le gouvernement des Etats-Unis, y compris l’armée. »
Le ministère « essaie de désigner des gagnants et des perdants » dans le secteur de publicité numérique, qui est « déjà hautement concurrentiel », a réagi un porte-parole de Google.
Selon l’analyste d’Insider Intelligence Evelyn Mitchell, citée par l’AFP, le groupe récolte plus d’un quart de toutes les dépenses publicitaires numériques et plus de la moitié des recettes publicitaires adossées aux recherches en ligne. « Bien que Google ait affaire à une concurrence accrue depuis quelques années, sa part de marché reste inégalée », estime-t-elle. « Google devrait être inquiet », a-t-elle ajouté, avant de noter que la société « pourrait être forcée de vendre une partie de son activité publicitaire ».