« La promesse du Web 3.0 : redonner aux utilisateurs plus de contrôle sur leurs données personnelles »

Nous vous proposons cette excellente contribution de Influencia

le Web3 s’annonce comme une nouvelle vague technologique, il s’inscrit également comme une « contre-culture » libertaire qui souhaite redonner les pleins pouvoirs à l’individu face aux désillusions et dérives du web 2.0

IN. : Stéphane Galienni et Stéphane Truphème, vous êtes respectivement marketeur et communicant et avez vécu l’émergence du web 1.0 et du web 2.0. Comment appréhendez-vous la vague web3 ?

Stéphane Truphème : personnellement, avec beaucoup d’optimisme. Elle apporte un vent de fraîcheur qui me semble salutaire. Nous y retrouvons les belles promesses portées par le Web 1.0 (plus de libertés, plus de démocratie, plus d’horizontalité dans nos rapports avec les institutions – entreprises, administration…) qui s’étaient perdues dans le Web 2.0 avec notamment l’hégémonie des GAFAM. Avec le Web3, nous devrions sortir du contrat un peu malsain imposé par les grands acteurs du Web qui consiste à accaparer toujours plus de notre temps afin de mieux collecter nos données personnelles et comportementales pour les revendre toujours plus chères aux entreprises qui souhaitent promouvoir leurs offres.

Cette situation est totalement sclérosante pour les consommateurs dont l’attention est accaparée par des algorithmes optimisés à cet effet et qui sont, d’un autre côté, matraqués par des entreprises qui n’ont pas su instaurer une relation de valeur avec les internautes. Ces entreprises sont par conséquent dans l’obligation de passer par les GAFAM pour nous exposer à leurs publicités. Le Web3 devrait casser cette logique en nous redonnant la main mise sur nos données personnelles, en conduisant à une décentralisation progressive du Web, tout en mieux valorisant les assets que nous produisons (commentaires, temps d’attention, contenus, créations numériques…). Les frontières de la digitalisation vont être repoussées bien au-delà de ce que nous connaissons aujourd’hui, ce qui, je l’espère, devrait conduire à corriger beaucoup de ses excès actuels.

Stéphane Galienni : si le Web3 s’annonce comme une nouvelle vague technologique, il s’inscrit également comme une « contre-culture » libertaire qui souhaite redonner les pleins pouvoirs à l’individu face aux désillusions et dérives du web 2.0, cette fois-ci rendue possible grâce aux nouvelles technologies.

IN. : le web3 on en parle beaucoup sans toujours comprendre de quoi il s’agit. Pouvez-vous le définir simplement ?

SG : avec cet ouvrage, notre première mission est de démystifier le vocabulaire anxiogène lié au web3. C’est pour cette raison que nous proposons un glossaire en fin d’ouvrage, un abécédaire des mots-clés à connaître pour décrypter les concepts fondateurs du web3. Le « NFT » est aussi simple à comprendre que l’ont été le « MP3 » ou le « JPG » par le passé. Ce ne sont que des nomenclatures techniques pour désigner des fichiers numériques, l’un rattaché à un son (MP3) et l’autre à une image (JPG) pour reprendre ces deux exemples.

Le NFT est quant à lui associé à un contrat intelligent (smart contract) qui permet aux utilisateurs de posséder et d’authentifier un asset digital, qui de plus, peut être relié à un objet physique. Derrière cet acronyme NFT se cache bien sûr un langage plus conséquent à décrypter tels que la Blockchain, les DAOs, le métavers, etc. mais nous amenons nos lecteurs à déverrouiller – pas à pas – ces différents concepts qui vont au-delà des mots, puisque nous proposons de nombreux schémas visuels pour accompagner ce cheminement de découverte des technologies émergentes qui forment le web3.

La vague web3 (DUNOD)

ST : le Web 3.0 peut être défini comme “un Web décentralisé”. Il fait référence à l’utilisation de la technologie blockchain et de protocoles décentralisés pour créer un Internet plus sécurisé et transparent. Il est conçu pour donner aux utilisateurs plus de contrôle sur leurs données et leurs activités en ligne tout en permettant des applications et des services plus sécurisés et décentralisés. La promesse du Web 3.0 consiste donc à redonner aux utilisateurs plus de contrôle sur leurs données personnelles, ainsi que des mécanismes qui leur permettent de mieux valoriser leurs activités sur le Web. C’est en quelque sorte une redistribution plus juste de la valeur accaparée par les entreprises de la Big Tech vers les utilisateurs.


IN. : Vous consacrez une partie de votre ouvrage au Metavers, pourquoi ?

SG : L’émergence de la notion de Web3 coïncide avec l’apparition d’un nouvel espace tridimensionnel qui s’annonce comme le futur d’Internet, le métavers. Entre infrastructure technologique et principe d’interface utilisateur, le sujet est difficile à appréhender par les entreprises et ce, pour trois raisons.

D’abord parce que l’amalgame est souvent fait entre deux concepts distincts et pas toujours bien assimilés par les professionnels de la communication et du marketing, qui peuvent s’adosser l’un à l’autre. Il faut donc bien distinguer ces deux familles technologiques : une entreprise peut saisir les opportunités offertes par le Web3 sans entrer dans le Métavers, se lancer dans le Métavers sans dispositif Web3, ou envisager une stratégie qui combine les deux.

le terme Métavers est désormais associé à la société Meta (ex-Facebook) qui s’est subtilement appropriée le concept imaginé dans les années 1990 par le romancier Neal Stephenson, son inventeur.

Ensuite parce que le Métavers est un nom générique pour décrire différentes typologies de plateformes qui peuvent s’appuyer sur des technologies web 1.0 (interface de type webGL), des fonctionnalités web 2.0 (réseaux sociaux en 3D, par exemple) ou encore sur une infrastructure Web3 (blockchains, NFT…), ce qui rend sa définition d’autant plus complexe. Enfin, si le Web3 est souvent associé à la notion de Métavers, c’est parce que ces deux technologies émergentes convergent vers de nouveaux usages pour les utilisateurs et présentent de réelles opportunités marketing pour les entreprises.

Entre terminologie et technologie, le Métavers est plus qu’un mot-clé à la mode, c’est un concept « fourre-tout » qui mérite d’être clarifié. De plus, le terme est désormais associé à la société Meta (ex-Facebook) qui s’est subtilement appropriée le concept imaginé dans les années 1990 par le romancier Neal Stephenson, son inventeur. Il convenait donc de revenir sur l’origine du concept qui puise son imaginaire dans la pop culture geek, mais qui s’impose aujourd’hui comme l’une des tendances fortes en marketing digital.

La vague web3 (DUNOD)

Pour notre ouvrage La vagueWeb3, nous avons étudié plus de 150 métavers et avons réalisé une cartographie complète qui se divise en quatre grandes familles d’usages, que nous vous proposons de découvrir sous forme de continents thématiques : avatarland, gamopolis, sandboxia et agoraspace.

IN. : A qui conseilleriez-vous votre livre ?

ST / SG : La prise en main du livre a été conçue pour trois typologies de lecteurs. Dans un premier temps, bien évidemment, les décideurs d’entreprises, dirigeants ou directeurs de département (communication et marketing, mais aussi RH et finance, relations publiques, etc.) car le web3 va impacter tous ces métiers au sein des entreprises, tous secteurs confondus. Il n’est pas trop tard pour s’y mettre, mais 2023 sera une année charnière pour conserver un avantage concurrentiel et anticiper ces nouveaux usages clients. Ensuite pour les professionnels indépendants « solopreneurs » qui devront, tôt ou tard, maîtriser ces sujets pour accompagner leurs clients sur la décennie à venir. Enfin, les « Business School » et centre de formation qui ne peuvent plus ignorer ces sujets dans leur programme d’éducation ou d’acculturation en 2023.

*Stéphane Galienni est co-fondateur et directeur de BLSTK, bureau de conseil spécialisé dans le luxe et le digital depuis plus de 15 ans.

Stéphane Truphème est conseil et accompagne les entreprises à transformer leurs audiences en clients grâce à des stratégies de contenu innovantes 

*« La vague Web3 » (Dunod) est Illustré et complété de nombreux cas pratiques dans plus d’une quinzaine de domaines différents

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