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Un écosystème dynamique pour un secteur attractif, où Wave et Orange Money se livrent une rude bataille, des startups entendent jouer les trouble-fête et des consommateurs à l’affût de la solution la plus disruptive et la plus économique. Voilà l’état des lieux de la fintech au Sénégal.
Solution d’inclusion financière par excellence, la finance digitale ou Fintech est en plein essor au Sénégal. Du transfert d’argent au paiement, en passant par l’infrastructure bancaire, l’épargne ou encore l’assurance, les solutions qui marient finance et technologies numériques bénéficient d’un accueil favorable auprès des populations, dont une large partie est exclue du système bancaire et financier classique.
D’après la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), sur le tableau de bord de l’inclusion financière dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), publié le 28 septembre dernier, le taux de bancarisation s’est replié à 18,9% au 31 décembre 2021, contre 19,6% l’année précédente. Une baisse, à l’instar de la Guinée Bissau, qui contraste avec la progression notée dans tous les autres pays de la zone, entre 2020 et 2021.
Avec un si faible taux de bancarisation synonyme d’un grand gap à combler, des startups spécialisées dans la finance digitale se sont développées, porteuses de solutions disruptives. Aidées en cela par un taux de pénétration du mobile de 114,21%, selon l’Observatoire de la téléphonie mobile de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
Secteur attractif
Si les pays d’Afrique anglophone connaissent plus de bouillonnement dans leur secteur fintech, le Sénégal n’est toutefois pas en reste. Le pays compte pas moins de 24 startups spécialisées dans ce domaine. Grâce à cet écosystème dynamique et l’accompagnement du gouvernement, Dakar se classe au neuvième rang du classement des villes africaines du Global FinTech Index 2020.
Et les startups de fintech attirent de plus de plus d’investisseurs. Des levées de fonds sont réalisées. En 2021, Wave, réussissait un tour de table de série A d’un montant de 200 millions de dollars (132 026 460 000 FCFA) ; la plus importante levée de fonds en Série A pour une fintech opérant exclusivement en Afrique. Suite à cet investissement, Wave est désormais évalué à 1,7 milliard de dollars.
Aujourd’hui la nouvelle licorne d’Afrique se positionne comme le leader indépendant du mobile money au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Et la marque au pingouin n’est pas prête de s’arrêter en si bon chemin. Loin de là. Surfant sur une bonne vague, Wave Digital Finance, filiale du groupe Wave Mobile Money (Wave), s’est vue octroyer, en avril 2022, par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) l’agrément pour l’émission de monnaie électronique, devenant, du coup, la première structure non-bancaire et non-opérateurs de télécommunications à obtenir une licence EME – Établissement de monnaie électronique de la zone Uemoa.
Modèle économique disruptif
La fintech, lancée en 2018 au Sénégal, ne sera donc plus à la remorque des telcos et autres institutions bancaires. Elle pourra désormais, grâce à sa licence EME, proposer des services et produits financiers directement aux clients. C’est ainsi que Wave vient de lancer le transfert d’argent transfrontalier entre le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.
En seulement quatre ans, la fintech compte plus de 6 millions de clients au Sénégal, et poursuit son déploiement et son développement dans l’espace Uemoa, notamment en Côte d’Ivoire. Elle a bouleversé l’écosystème du Mobile Money pas seulement qu’au Sénégal avec des services gratuits, poussant le Groupe Orange-Sénégal à revoir les tarifs d’Orange Money à la baisse.
Wave vs/Orange Money
D’ores et déjà, le pingouin fait face à des griefs venant de la concurrence, portée par le mastodonte Orange, et son produit Orange Money. Ce dernier n’en démord pas, non plus. Décidé de se battre sur le même segment de marché, Orange Money a divisé ses prix jusqu’à quatre.
Pris de court par la stratégie agressive de Wave, le directeur général d’Orange pour l’Afrique et le Moyen-Orient, le Sénégalais Alioune Ndiaye, éructait dans une interview à Jeune Afrique. Selon lui, Wave faisait perdre à ses distributeurs 50% de leurs revenus, là où son service de Mobile Money partageait avec les siens la moitié de son chiffre d’affaires de 65,3 milliards de francs CFA, qui a baissé de 15 points au premier semestre de 2022.
Une baisse imputable, en filigrane, à Wave et sa politique de prix bas ou gratuits, que la concurrence est obligée de suivre. Pour pointer davantage le doigt sur la marque au pingouin, Ndiaye parle de quelques 20 000 emplois détruits.
Du fait de cette féroce guerre économique larvée entre une licorne africaine de la fintech et un géant des télécommunications et du Mobile Money, au Sénégal et dans la zone Uemoa, on n’en oublie presque la naissance et le développement d’autres plateformes de finance digitale.
Écosystème dynamique
En effet, outre Touch de l’ingénieur informaticien, diplômé de l’Ecole polytechnique de Dakar, Omar Cissé, crée en 2014 et déjà présent dans 14 pays du continent et bientôt au Moyen-Orient, WIzall (2015), PayDunya de nouvelles fintechs investissent le marché sénégalais. Optima du basketteur de la NBA, Gorgui Sy Dieng, KPay du tycoon, fondateur de la chaîne de grande distribution EDK, KaliSpot™, qui vient de réussir une levée de fonds de pré-amorçage avec 500 Global, un accélérateur de start-up basé à San Francisco aux États-Unis, Cauri Money, etc.
Cet écosystème fintech fort de plus d’une vingtaine de startups et d’entreprises solidement établies est le reflet d’un dynamisme certain.
Emmenant les banques et établissements financiers, les opérateurs télécoms à davantage s’intéresser aux fintechs devenues incontournables dans la transformation digitale et la promotion de l’inclusion financière. La Bceao ne s’y est pas trompée, qui vient de mettre en place un Bureau de connaissance et de suivi des fintechs (BCSF).
Toutefois, et en dépit d’une loi sur les startups, les fintechs au Sénégal font toujours face à d’importants défis ; de l’accès au financement, à l’existence d’un cadre réglementaire clair et plus incitatif, la rareté d’incubateurs locaux de rang international, ou encore la cybersécurité et la protection des données personnelles des usagers de plus en plus nombreux, et qui espèrent des services toujours plus performants, simples d’usage et à des coûts qui leur soit abordables.
Avec Challenges éco